La vie est un livre
Mis à part le tricot, je passe aussi le plus clair de mon temps à dévorer des livres (parfois je fais les deux en même temps): des romans, des BD, des documentaires, des policiers... Bref, je dévore!
En flanant dans un marché aux puces, je suis tombé sur Le libraire de Régis de Sà Moreira. C'est un petit bijou complètement loufoque et poétique à souhait.
Le libraire n'a pas d'autre nom que celui de sa profession; il vit littéralement dans sa librairie ouverte 24h/24 où se croise le monde entier et même Dieu et la mort. Le libraire boit des tisanes à chaque client qui entre dans sa boutique, il envoit des pages de livre arrachées à ses frère et soeurs qui vivent aux quatres coins du monde. Il a des habitués, dont il connait les habitudes mais pas les noms, des femmes à qui il peut faire l'amour, des enfants qui courent partout, un seul et unique livre de voyage.
Vous n'avez rien compris? Tant mieux, parce que là est tout le secret: c'est un livre sans histoire mais avec des histoires. C'est une allégorie de l'amour, de la mort, des sentiments,à savourer doucement (comme une tisane) pour qu'il ne se termine pas trop vite.
Le libraire ne pratiquait pas la grossierté mais il avait trouvé d'autres armes qui s'étaient révélées tout aussi efficaces. Ces armes étaient des phrases et ces phrases le libraire les avaient prises dans des méthodes de langues étrangères. Quelles étaient ces langues et comment se disaient ces phrases en ces langues, le libraire n'en avait auncun souvenir parce que c'était uniquement pour leurs phrases qu'il lisait les méthodes de langues étrangères.
Ces phrases sans qu'il sache pourquoi touchaient un point sensible chez le libraire et résonnaient en lui comme peu d'autres. Chacune lui paraissait être une histoire à elle seule.
[...] Et sa préférée parmi toutes: " Il y a beaucoup de choses intéressantes à apprendre sur les icebergs ". Il y avait quelques chose dans cette phrase. Un pouvoir magique qui marchait à tous les coups. [...]
Le libraire essayait parfois d'imaginer la personne qui avait réussi à écrire la phrase sur les icebergs, qui s'était dit dans sa tête " Il y a beaucoup de choses intéressantes à apprendre sur les icebergs ", et qui ensuite l'avait écrit, et qui s'en était servi dans une méthode de langue, parmi d'autres phrases elles aussi magnifiques, mais qui n'avaient sans doute pas le pouvoir de celle-là, bien que le libraire ne les eût pas toutes essayées.
Le libraire n'avait rien contre les icebergs et ne doutait pas qu'il y avaient beaucoup de choses intéressantes à apprendre sur eux comme sur tous les phénomènes naturels, mais penser cette phrase ! Mais l'écrire ! ... Et la dire ! ... Quelle merveille !